ARS - Le Gouvernement veut accélérer le déploiement du très haut débit ...

C’est un plan à 20 milliards d’euros pour lequel l’Etat n’a pas droit à l’erreur.


Le déploiement de la fibre optique (le très haut débit) sur tout le territoire, vaste chantier qui doit aboutir en 2022, fait l’objet d’une attention particulière du gouvernement. Ce vendredi, le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, va rencontrer le gotha des télécoms pour faire un état des lieux du « plan très haut débit » et s’assurer que les engagements des opérateurs en termes d’investissement seront bien tenus. Martin Bouygues, Stéphane Richard, PDG d’Orange, Patrick Drahi, président de Numericable-SFR, et Maxime Lombardini, le directeur général d’Iliad (Free), ont répondu présent. Apporter à tous les Français le très haut débit n’est pas une mince affaire. Cela nécessite un travail d’horloger. Pas question pour le gouvernement de rater une étape.


Il y a quelques jours, le Sénat a adopté une série d’amendements en faveur d’une meilleure couverture du territoire. Il y a eu le très médiatisé amendement « mobile pour tous » pour que les communes de la zone blanche – celles où le mobile passe mal – soient couvertes d’ici à la fin 2016 en 2G, et en 2017 pour la 3G et la 4G.


Deux autres initiatives, plus discrètes, ont aussi été prises, dans le fixe cette fois. Le Sénat a souhaité encadrer les tarifs dans les réseaux d’initiative publique (RIP), ces réseaux conçus par les collectivités territoriales avec le soutien de l’Etat. Le plan très haut débit dans les villes prévoit en effet qu’un seul réseau soit déployé : suivant les zones, on a soit un réseau privé (fait par Orange, Numericable ou d’autres), soit un réseau public. Dans celles où les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) ne vont pas, c’est le service public qui s’y colle. Au total, les RIP vont permettre de couvrir 43 % du territoire, pour un coût compris entre 13 et 14 milliards d’euros… que l’Etat aimerait rentabiliser à terme.


Un label «  zone fibrée  »


Le problème, c’est que les collectivités ont tellement peur de ne pas attirer les grands opérateurs sur leur réseau qu’elles sont tentées de pratiquer des tarifs très bas. « Il y a un risque de spirale déflationniste qui détruise la valeur de l’investissement de long terme. D’où la nécessité d’avoir une grille tarifaire pérenne », pointe Antoine Darodes, directeur de la mission très haut débit à Bercy. Le texte voté par le Sénat prévoit ainsi que l’Arcep publie des lignes directrices pour définir les tarifs d’accès aux RIP. Mais pas question pour le régulateur des télécoms de publier un tarif unique. « Il faut laisser une liberté commerciale et une certaine marge de manœuvre aux collectivités », a prévenu son président, Sébastien Soriano.


Autre amendement phare adopté par la Haute Assemblée, qui a toujours été sensible aux questions de fracture numérique : l’inscription dans la loi du concept de « zone fibrée ». Il s’agit d’une mesure préconisée par le rapport Champsaur, remis par l’ancien président de l’Arcep à Axelle Lemaire, la ­secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, en février. Le principe : lorsqu’une commune, une agglomération ou une zone d’activité sera intégralement desservie par un réseau fibre, des mesures d’accompagnement seront mises en œuvre pour opérer la migration des clients vers la nouvelle infrastructure et programmer l’extinction du réseau cuivre. « C’est un signal fort envoyé au grand public et aux industriels. Le réseau d’avenir, c’est la fibre, et il faut que tout le monde s’y prépare », prévient-on à Bercy.


Orange a déjà mené le test de couverture d’une commune 100 % fibre à Palaiseau, en région parisienne. Avec des résultats concluants en termes d’usage. Quelques collectivités ont aussi déployé la fibre intégralement en Seine-et-Marne, en Lozère et en Moselle, et pourront expérimenter ce nouveau label de zone fibrée. Les jours du vieux réseau cuivre sont bel et bien comptés.